mardi 1 mai 2012

Footnote


Footnote
Israël (2011)


Eliezer et Uriel Shkolnik sont chercheurs de pères en fils, tous les deux spécialistes du Talmud, l’un des textes fondateurs du judaïsme. Mais seul le fils a su se faire un nom dans le domaine, le père, lui, attends depuis vingt ans un sacre qui n’arrive pas, vivant dans l’ombre de son fils dont les récompenses et les écrits ne se comptent plus. Mais un beau jour, le destin bascule, on appelle le père, le jury du prix d'Israël reconnaît enfin son talent, on lui décerne le prix, celui-là même qu'il attendait depuis vingt ans. Eliezer est fou de joie, oubliant que son seul écrit abouti est cette fameuse note de bas de page où Feinstein, un grand chercheur du Talmud le cite, et qui fait sa fierté. Interviewé par la presse, le professeur Shkolnik père passe de l'ombre à la lumière et en profite pour dénigrer les travaux de son fils, qu'il juge indigne du Talmud. Mais quelques jours plus tard, alors qu'Eliezer nage en plein bonheur, son fils Uriel reçoit un appel des plus étrange. Il y a eu une erreur administrative, c'est en fait à lui que le prix est destiné. Uriel refuse, s'énerve, crie, se calme et repart de plus belle. Que faire ? Rétablir la vérité au risque de détruire son père ou lui faire gagner ce prix dans le mensonge tout en renonçant à jamais à le gagner lui-même ? C'est sur ce dilemme des plus difficiles que se base le film Footnote, en salle depuis novembre 2011. Rappelons qu'en anglais « Footnote » signifie « note de pied de page », et c'est justement sur cette subtilité que le film se construit. Le réalisateur Joseph Cedar, auteur de cinq longs métrages conquiert déjà le monde du cinéma avec déjà 8 nominations pour son film, parmi lesquelles le prestigieux Oscar du film étranger, en compétition avec notamment le film iranien Une séparation. Le film est un petit bijou de réalisation, plein d'humour et de poésie sur un fond des plus dramatiques. Le film s'ouvre sur le portrait d'Eliezer Shkolnik assistant à une remise de prix de son fils. Visage grave, traits durs, l'acteur Shlomo Bar-Aba réussit le pari de rendre son personnage à la fois antipathique, mais des plus attachants. Mais la véritable force du film réside surtout sur le scénario en béton armé qu'offre Joseph Cedar. Ni trop long, ni trop court, le film soulève avec humour les difficultés des relations pères/fils qui se côtoient aussi dans le travail. Jalousie ? Mépris ? Il est difficile de qualifier les sentiments qui animent les deux êtres. La question se pose également de savoir si oui ou non, la vérité doit être révélée, à n'importe quel prix. Les personnages sont présentés avec beaucoup de sensibilité et d'intélligence, il s'agit de ni trop, ni pas assez. Il serait cependant un peu exagéré d'admettre que le film n'a aucun défauts, le début est en effet assez lent et il faut un certain temps pour rentrer dans l'histoire. Mais dès la première demi-heure passée, le plus dur est fait et l'on peut savourer comme il se doit cette perle cinématographique. Agrémenté d'une musique parfaite, le film emmène le spectateurs dans un pays où la langue est chaude et agréable (à condition de le voir en VO, bien évidemment). Certes le film est bien loin des blockbusters américains où les actions se comptent à la seconde, mais ce retour à un cinéma plus lent, plus classique, tout en étant innovant est remarquable et appréciable. A voir donc, et à suivre surtout, en ce qui concerne Joseph Cedar qui nous prouve qu'en Israël aussi on sait faire des films comiques et bourrés de talent. 

Cette critique a été écrite dans le cadre d'un concours sur un forum.

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